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Le présentéisme au travail

Article écrit par Lukas Monfette, Conseiller en ressources humaines et coordonnateur aux appels et interventions chez Brio PAE


Vous êtes-vous déjà présenté au travail sachant très bien que vous ne seriez pas capable de donner le meilleur de vous-même pour accomplir vos tâches ? Peut-être étiez-vous grippé ou préoccupé par un problème personnel ? Si votre réponse est oui, vous êtes ou avez été un présentéiste. Sachez qu’il s’agit d’un comportement normalisé et répandu qui peut avoir des impacts insoupçonnés.   

Nous souhaitons, par cet article, faire connaître le présentéisme et vous aider à comprendre si votre présence au travail (physique ou virtuelle) est toujours le meilleur choix comparativement à une absence, et ce, tant pour vous que pour votre employeur. 

Définition 

Lorsque des problèmes2 de santé physique ou psychologique vous affectent, vous avez le choix d’être présent au travail ou de vous y absenter. La première alternative décrit le présentéisme, c’est-à-dire de travailler en dépit de problèmes de santé. La seconde fait référence à l’absence-maladie (ci-après l’absentéisme), soit de ne pas se présenter au travail pour des raisons de santé. En toute simplicité, il faut comprendre que ces comportements sont complémentaires plutôt qu’indépendants (Gosselin et Lauzier, 2011) 

Exemples de symptôme
  • Santé physique: Mal de tête, mal de dos, rhume ou grippe, allergie saisonnière, problèmes digestifs ou intestinaux, etc. 
  • Santé psychologique: Détresse ou anxiété, tensions dans les relations, stress financier, deuil, fatigue mentale, etc.

 

Comment choisir ?  

Le présentéisme est un comportement de résilience. Vous choisissez de vous adapter à la situation (problème de santé) pour atteindre un objectif (par exemple : accomplir vos tâches professionnelles dans le temps imparti). En d’autres mots, vous tentez d’équilibrer votre santé et votre performance. Cependant, ce choix n’est pas toujours le plus adéquat à long terme.  

En effet, « s’absenter peut servir à prévenir une détérioration de la santé, à réduire des tensions ou à récupérer d’une situation inconfortable et ainsi favoriser la présence future » (Foucher, 2019). 

Considérer le type de présentéisme et votre situation actuelle

L’absentéisme et plusieurs types de présentéisme cohabitent dans le quotidien organisationnel. Selon le modèle proposé par Karanika-Murray et Biron (2020), il y a quatre types de présentéisme qu’il importe de connaître afin de prendre les bonnes décisions pour votre santé et votre performance au travail (voir la figure 1), soit : 

Le présentéisme fonctionnel : Vous êtes attentif à votre santé. En même temps, vous vous adaptez à la disponibilité de vos capacités afin de maintenir un niveau de performance suffisant.

CONSEIL : Le présentéisme fonctionnel devrait être privilégié à l’absentéisme, car cela vous permet de vous sentir bien tout en travaillant de manière raisonnable.

Le présentéisme thérapeutique : Vous vous présentez au travail parce que cela vous aide à vous sentir mieux, même si vous reconnaissez que votre productivité est significativement réduite.

CONSEIL : Le présentéisme thérapeutique devrait être privilégié à l’absentéisme, surtout en situation d’isolement. Toutefois, vous devriez parler à vos supérieurs pour envisager une assignation temporaire.

Le présentéisme excessif : Vous mettez votre santé au second plan pour vous permettre d’offrir une performance élevée.

CONSEIL : Au-delà de quelques jours, l’absentéisme devrait être privilégié au présentéisme excessif, car vous risquez d’aggraver vos symptômes. Il s’agit d’une solution de très courte durée.

Le présentéisme dysfonctionnel : Vous vous présentez au travail bien que ce comportement n’ait pas d’effets positifs sur votre santé tout en étant incapable de fournir un niveau de performance suffisant.

CONSEIL : L’absentéisme devrait être privilégié au présentéisme dysfonctionnel, car votre réputation et vos relations de travail pourraient en être affectées.

Considérer les facteurs qui vous influencent

Plusieurs facteurs individuels et organisationnels peuvent influencer le présent choix et amènent chaque situation à être unique quant aux motivations et aux pressions s’appliquant.  

Cela étant dit, les statistiques montrent des préoccupations répandues : « Plus de la moitié (54 %) des répondants le font parce qu’ils jugent avoir trop de travail à accomplir et 33 % ne veulent pas utiliser une journée de congé de maladie ». 

En faire l’examen avec votre gestionnaire peut permettre de mettre des mesures adaptatives en place. Nous vous invitons à prendre connaissance du tableau 1. 

Considérer le réseau autour de vous

Le présentéisme permet à vos collègues ou à votre employeur de remarquer l’amélioration ou la dégradation de votre condition de santé.  

D’une part, des signes physiques (mine fatiguée, perte de sourire), cognitifs (manque de concentration) ou psychologiques (attitude négative, passivité) peuvent se manifester dans vos interactions régulières (physiques ou virtuelles) avec les membres de votre organisation permettant de les aborder.  

D’autre part, étant impliqués dans le travail quotidien, les changements (volontaires ou non) à vos comportements, vos habitudes normales et votre productivité pourront être perçus. Par exemple, les autres pourraient distinguer votre tendance à vouloir compenser en arrivant plus tôt, en minimisant vos pauses ou restant un peu plus longtemps au travail, ou à ralentir votre rythme en exécutant vos tâches plus lentement, en prolongeant vos pauses ou en repoussant les échéanciers.  

En comparaison, l’absentéisme offre une fenêtre limitée quant à l’observation de votre problème de santé. Il relève souvent à une seule personne de faire le suivi auprès de vous lorsque vous vous absentez.  

Comment maintenir un présentéisme bénéfique? 

 

Sur le plan individuel, la solution est claire : vous devez parler de vos besoins à vos gestionnaires ou à votre service des ressources humaines. En optant pour une conversation transparente, vos gestionnaires pourront vous accompagner et adapter les attentes de performance (p. ex.: réduction temporaire des heures, ajustement de l’horaire de travail, réduction temporaire de la charge de travail). Vous êtes peut-être réticents à parler de vos problèmes de présentéisme, sachez que c’est un sentiment partagé par un grand nombre : la Commission de la santé mentale du Canada rapporte que près de 60 % des gens qui présentent des symptômes de détresse psychologique ne chercheront pas d’aide, par crainte d’être stigmatisés. Si vous avez des doutes, il importe de les signifier et de contester la confidentialité et les répercussions de votre partage.  

Sur le plan organisationnel, il faut viser à établir et maintenir une culture de bienveillance. Les représentants de votre organisation doivent démontrer une préoccupation pour la santé au même niveau que la productivité. Le premier changement devrait être d’amener les gestionnaires à montrer l’exemple en appliquant les conseils présents dans cet article pour eux-mêmes. 

Conclusion 

L’absentéisme et le présentéisme demeureront des phénomènes inévitables dans les organisations, parce que chacun à une fonction distincte. Par conséquent, il est important que vous considériez le présentéisme comme une alternative complémentaire à l’absentéisme. Pour cela, vous devez prendre en compte les aspects et les conséquences du présentéisme sur votre santé et sur votre performance. Il serait faux de croire qu’il est toujours préférable de se présenter au travail. Pour vous aider à y réfléchir et pour favoriser la conversation avec votre employeur, voici quelques questions pertinentes à se poser : 

  • Est-ce que mon travail a des effets positifs sur mon bien-être (par exemple, m’apporte-t-il un sentiment de satisfaction, d’accomplissement ou d’appartenance) ? 
  • Est-ce que mon rétablissement est significativement ralenti par ma présence au travail ? 
  • Est-ce que ma productivité est suffisante pour justifier mon salaire ? 
  • Est-ce que je risque de transmettre une maladie contagieuse à mes collègues en étant au travail ?
  • Est-ce que je peux remettre à plus tard certaines tâches moins urgentes ou moins importantes?
  • Est-ce mon travail m’offre des ressources de soutien pour m’aider à traverser cette période difficile? 

 

En réfléchissant à ces questions, vous pourrez déterminer le point de bascule qui s’applique à votre réalité. Chez Brio PAE, nous sommes convaincus que votre santé et votre bien-être à titre d’employés doivent être la priorité absolue dans ce choix. 

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