Article rédigé par Karyne Vaillant, Coordonnatrice aux appels et interventions chez Brio PAE | Thérapeute en relation d'aide
Ce mois-ci, nous souhaitons aborder un sujet crucial : les dépendances.
Les dépendances peuvent affecter n'importe qui et il est essentiel que nous soyons tous informés pour mieux soutenir ceux qui en souffrent.
Les deux visages de la dépendance : physique et psychologique
« On peut développer une dépendance à une substance, telle que l’alcool ou une autre drogue, mais également à une activité, telle que le jeu de hasard et d’argent. »
On peut aussi développer une dépendance plus « moderne » aux écrans tels que les réseaux sociaux, le cellulaire ou même les jeux vidéo.
Il y a 2 types de dépendances : physique ou psychologique.
Une dépendance psychologique peut durer beaucoup plus longtemps qu’une dépendance physique, c’est-à-dire des années, voir toute la vie. La raison est qu’elle est davantage au niveau des caractéristiques de la personne ; ses habitudes, ses états affectifs, son style de vie. On peut se souvenir de l’effet de la dépendance, le plaisir qu’elle procure et des moments où l’on y a eu recours.
La dépendance physique est au niveau de la substance elle-même. Lorsqu’on décide de l’arrêter, l’organisme est « en manque » de cette substance.
Quand le réconfort devient piège
Il faut savoir que personne n’est à l’abri de développer un jour une dépendance. À toute période dans la vie, une personne peut vivre une situation difficile qui la rendra plus fragile ou vulnérable.
Dans une telle situation, cette personne peut être amenée à consommer ou à passer plus de temps sur un écran, soit un cellulaire ou autre. C’est à ce moment qu’on peut être porté à se réfugier et à trouver une façon de se sentir en sécurité et c’est dans ces dépendances qu’on y trouve du réconfort. Hélas, c’est un faux sentiment de sécurité!
C’est plutôt une façon de se faire du mal, de s’isoler de plus en plus de notre entourage. Cela peut même avoir un impact négatif sur les relations personnelles, professionnelles, amoureuses, etc.
Il est facile de juger une personne qui vit une telle situation, mais il est difficile de savoir ce qui se passe dans sa vie pour l’amener à agir ainsi.
On peut observer chez les personnes ayant des dépendances, des changements à plusieurs niveaux. Au niveau comportemental (agitation ou somnolence, impulsivité, irritabilité), émotionnel (sauts d’humeur, isolement), physique ou physiologique (maux de ventre, transpiration/déshydratation, marche ou gestes maladroits) et cognitif (manque de concentration, confusion, cherche ses mots).
Il est très important de démontrer de l’empathie et de la compassion envers ces personnes afin qu’elles ne se sentent pas rejetées, mais plutôt encadrées et sécurisées.
Perdre le contrôle : un signal d'alerte
Certaines personnes peuvent essayer de « contrôler » un problème avec la consommation de drogue, comme la dépression, l’anxiété ou d’autres problèmes de santé. Cependant, l’automédication n’est pas suggérée. Il est toujours préférable de consulter son médecin de famille.
Lorsqu’on s’aperçoit qu’on n’a plus le contrôle et que cette dépendance nous contrôle, c’est là qu’il faut voir le signal qui nous démontre que nous devons aller chercher de l’aide.
« La dépendance est une habitude dont il est souvent difficile de se débarrasser et qui affecte de plus en plus la vie d’une personne ».
Soutenir sans s'épuiser
Lorsque nous parlons de l’impact que cela peut avoir sur les proches de ceux qui ont une dépendance, cela veut dire qu’ils sont peut-être autant sinon plus impactés que la personne qui vit elle-même la dépendance.
Il peut être parfois lourd de traîner un secret comme celui-ci, soit pour la personne directement impliquée, soit pour la famille. C’est pourquoi il est important d’en parler avec quelqu’un, de s’informer des ressources disponibles pour les proches.
Cela peut vous outiller et vous permettre d’être moins impliqué émotionnellement et vous « préserver ».
10 indices ou signaux qui devraient vous alerter
- Un besoin de consommer de plus en plus fréquent
Que ce soit pour vous détendre, vous sentir mieux dans votre peau, vous calmer ou vous aider à surmonter des problèmes, le fait de ressentir le besoin de consommer à la moindre occasion constitue, vous l’aurez deviné, un premier signal d’alarme. - La consommation accrue de drogues et d’alcool
En plus de la fréquence, vous augmentez également petit à petit la quantité. Par ailleurs, votre corps s’est habitué, vous développez une tolérance et vous avez l’impression de devoir en consommer toujours davantage chaque fois. - Des ennuis apparents : manque d’argent ; difficultés scolaires ; comportement imprévisible, irritabilité…
Comme vous consommez en plus grande quantité et plus souvent, il va de soi que l’argent vient à manquer et que vous n’accordez pas nécessairement la priorité aux bonnes choses. Vous finissez par bâcler vos travaux scolaires. En outre, il se peut que votre assiduité au travail laisse également à désirer. - Indifférence envers toute autre activité
Avez-vous abandonné le sport et vos activités favorites ? Le manque d’enthousiasme envers différentes activités s’accentue et les lendemains de veille compliqués couplés à une condition physique qui se détériore font souvent en sorte que plus rien ne nous stimule. Est-ce votre cas ? - Difficultés à vous arrêter ou à diminuer votre consommation de drogues ou d’alcool
Sur les conseils de votre entourage, vous essayez à coup sûr de diminuer ou de cesser votre consommation. Avez-vous l’impression d’en être incapable ? - Sensations physiques indésirables : symptômes de sevrage
La dépendance crée aussi des réactions physiques. Elles sont variées selon la catégorie des substances consommées et peuvent se manifester sous la forme de tremblements, de maux de tête, de nausées, d’hypertension, etc. - Recours aux mensonges et excuses de toutes sortes
Il se peut qu’une première tentative de cesser de consommer s’avère insurmontable. Par conséquent, le recours aux mensonges et aux excuses improbables pour justifier une absence à un événement ou demander de l’argent se décuple et les conflits amicaux et familiaux s’additionnent. - Confusion et perte de jugement
Votre jugement s’altère. Vous perdez confiance en vous-même. Cela vous place parfois dans des situations dangereuses pour vous, mais aussi pour vos proches. - Le déni
Vous sentez que quelque chose ne va pas, mais vous trouvez toujours des raisons à votre situation et tentez de vous convaincre ainsi que vos proches que tout est normal ou passager. - Éloignement des amis et des proches
Un comportement confus et des promesses répétées conduisent souvent à la solitude. Lorsque les amis et la famille se questionnent et qu’ils tentent de nous aider, notre refus les attriste ; ils se sentent impuissants et s’éloignent.
En parler pour s'en sortir
Si vous avez un doute que vous vivez peut-être un de ces 10 indices ou signaux, il est suggéré d’en parler. Cela pourrait prévenir l’aggravation de vos problèmes et trouver une issue assez tôt plutôt que trop tard. Il faut savoir qu’on n’est pas seul à vivre ce genre de situation. C’est important de pouvoir parler de ce qu’on vit.
On peut choisir d’en parler à l’intérieur de notre réseau, auprès de nos amis, famille, collègues. Si on ne se sent pas à l’aise d’en parler à notre entourage, par peur de jugement ou de commentaires déplaisants, on peut aller chercher de l’aide extérieure. Il y a des professionnels de la santé qui travaillent avec ce genre de situation, des professionnels de la santé tels que travailleur social, thérapeute en relation d’aide, psychologue, etc., tout dépend des expertises de ces professionnels.
Il existe aussi des ressources qui peuvent aider les gens qui pensent avoir une dépendance. Il y a possibilité de consulter à l’externe, telle que des thérapies de groupes ou des thérapies individuelles.
Sinon, selon la dépendance et la gravité de celle-ci, il y a possibilité de faire une thérapie fermée où après, une thérapie externe est souvent offerte pour permettre une continuité de services afin de ne pas laisser la personne continuer seule dans son processus de guérison.
Chaque personne est différente donc le besoin de chacun est différent. Vous êtes la personne qui vous connaissez le mieux donc c’est à vous de juger quelle sorte de thérapie est nécessaire pour vos besoins. Plus la dépendance est ancrée en vous, plus longue sera la thérapie ainsi que la réhabilitation. Pour cette sorte de dépendance, une thérapie fermée avec possibilité de sevrage sera davantage conseillée.
« Surmonter sa dépendance est un apprentissage qui commence avec le désir d’arrêter »
Afin de prendre soin de soi et de vouloir chercher de l’aide pour vaincre votre dépendance, vous devez d’abord prendre conscience que vous avez un problème. Sans cette prise de conscience, toute l’aide qui vous sera fournie ne sera d’aucune utilité pour vous.
Après en avoir pris conscience, il faut aussi que vous en ayez envie. Si la motivation n’y est pas, si vous n’en avez pas le goût, il est fort probable que vous n’ayez pas le goût de faire les démarches.
Pour réussir à s’en sortir, vous devez y mettre votre corps et âme. En mettant toutes les chances de votre côté, ce sera la meilleure façon pour vous de vous en sortir. Les rechutes font partie du processus de « guérison » et savoir comment les gérer lorsqu’elles arrivent est tout aussi important.
Ensemble contre les dépendances
Il existe plusieurs ressources pour aider ceux qui luttent contre des dépendances ; centres de traitement, groupes de soutien, et des professionnels de la santé qui sont disponibles pour offrir l’aide nécessaire. En tant qu’intervenants ou proches de la ou les personne(s) concernée(s), notre rôle est de fournir un environnement sûr et compréhensif, et d’orienter les personnes vers les ressources appropriées le plus possible.
Il est de notre responsabilité d’accroître la sensibilisation sur les dépendances. Ensemble, nous pouvons faire une différence significative dans la vie des personnes touchées. Si vous avez des questions ou si vous souhaitez plus d’informations, n’hésitez pas à nous contacter.
Merci de votre attention et de votre engagement.
Ressources
Si vous cherchez des ressources, de l’aide pour vous ou l’un de vos proches, cliquez ici.
Quelques ressources :
- Contactez un médecin, une infirmière, le CIUSSS de votre région
- Contactez le médecin ou l’infirmière dans votre milieu de travail
- Contactez votre PAE
Maisons de thérapie :
- Maison d’aide La Villa St-Léonard, Portneuf (thérapie fermée) : 418 337-8808, 1–800–550-8808, courriel : intervenants@villa-st-leonard.org, site web : https://www.villa-st-leonard.org
- Maison Jean Lapointe, Montréal (thérapie fermée ou à l’externe) : 514 288-2611, courriel : ae.lapointe@maisonjeanlapointe.org (thérapie fermée) web : www.maisonjeanlapointe.com
- Le Grand Chemin, Montréal (centre spécialisé pour les adolescents, thérapie fermée) : 514 381-1218, courriel : info@legrandchemin.qc.ca, site web : www.legrandchemin.qc.ca
- Centre Casa, St-Augustin-de-Desmaures : 819-871–8380, 1-877-271-8380, site web : https://www.centrecasa.qc.ca/
- Lauberivière, Québec (aide externe) : 418 694-9316, courriel : info@lauberiviere.org, site web : https://lauberiviere.org/
Soutien pour les proches :
- Le Passage, Québec : 418-527-0916, courriel : info@centrelepassage.org, site web : https://centrelepassage.org
- Portage, atlantique, Ontario et Québec : 1-844-939-0202, site web : https://portage.ca/fr/services/famille
- Centre Casa, St-Augustin-de-Desmaures : 819-871-8380, 1-877-271-8380, site web : https://www.centrecasa.qc.ca/