Article rédigé par Amine Chbani, MBA, Pl. Fin. | Consultant principal chez FinEduc Performance Inc.
La santé financière,
un pilier souvent oublié du bien-être
Au Québec, on parle beaucoup de santé physique et mentale, mais rarement de santé financière. Pourtant, les trois sont intimement liées.
Selon un sondage de la Sun Life, près d’un Québécois sur deux affirme que ses finances sont une source importante de stress. Ce stress se traduit par de l’anxiété, des troubles du sommeil et parfois même des tensions dans le couple.
La bonne nouvelle ? Peu importe son revenu, il est possible d’améliorer sa santé financière avec des gestes simples, une meilleure organisation et une vision à long terme. Voyons comment.
Comprendre sa situation financière : le point de départ
Avant de chercher à optimiser quoi que ce soit, il faut savoir où on en est. Trop de salariés ignorent combien ils dépensent réellement chaque mois, ou ne connaissent pas la valeur totale de leurs dettes.
Pour commencer, prenez une feuille ou un fichier Excel et notez :
- Vos revenus nets mensuels (salaire après impôt, allocations, etc.);
- Vos dépenses fixes (logement, assurances, transport);
- Vos dépenses variables (alimentation, loisirs, vêtements);
- Vos dettes et leurs taux d’intérêt.
Cet exercice simple permet de visualiser votre situation réelle. Vous verrez tout de suite si vous vivez au-dessus de vos moyens ou si vous avez une marge de manœuvre.
Prenons l’exemple de Sophie, 38 ans, éducatrice en garderie à Montréal, gagnait 60 000 $ par an. Elle ne parvenait jamais à épargner. Après avoir suivi un atelier de planification financière, elle a découvert qu’elle dépensait plus de 450 $ par mois en repas au restaurant et en cafés. En réduisant de moitié cette dépense, elle a pu mettre 225 $ par mois dans un CELI, soit 2 700 $ par an, sans diminuer son confort de vie.
Le secret ? Elle n’a pas coupé tout plaisir, elle a réaligné ses dépenses avec ses priorités.
Épargner, même un peu : la clé de la liberté financière
Beaucoup de gens pensent qu’il faut attendre d’avoir un bon salaire pour épargner. C’est faux.
L’épargne est une habitude, pas un montant.
Un principe efficace : commencer petit, mais commencer maintenant.
Même 50 $ par paie investis dans un CELI ou un REER créent une différence majeure sur 10 ans.
Si vous économisez 50 $ par paie = 1 300 $ par an.
Placés à 5 % de rendement annuel, cela donne 16 300 $ après 10 ans.
Ce n’est pas la somme du départ qui compte, mais la constance.
Prioriser le remboursement des dettes intelligemment
Les dettes ne sont pas toutes mauvaises. Un prêt hypothécaire, par exemple, peut être sain s’il vous permet de bâtir un patrimoine. Par contre, les dettes à haut taux d’intérêt (cartes de crédit, marges non garanties) doivent être traitées en priorité.
Méthode simple : la stratégie boule de neige
Listez vos dettes de la plus petite à la plus grande.
Payez le minimum sur toutes, sauf la plus petite.
Une fois la plus petite remboursée, appliquez ce montant à la suivante.
Cette approche donne une motivation rapide et un sentiment de progrès. Ce n’est pas toujours la méthode mathématiquement la plus rentable, mais psychologiquement, elle fonctionne.
Profiter des avantages fiscaux et régimes
d'épargne du Québec
- REER : déductible du revenu imposable, idéal pour réduire l’impôt aujourd’hui et préparer la retraite.
- CELI : non déductible, mais les retraits sont libres d’impôt — parfait pour les projets à moyen terme.
- CELIAPP : nouveau compte pour l’achat d’une première propriété, combinant les avantages du REER et du CELI.
- Crédits d’impôt et allocations : ne les négligez pas ! Crédits pour frais médicaux, transport en commun, activités physiques des enfants, etc.
Automatiser pour simplifier
Le meilleur moyen de respecter ses objectifs financiers est de supprimer la tentation.
L’automatisation est un outil puissant :
- Transferts automatiques vers un compte d’épargne le jour de la paie;
- Paiement automatique des factures pour éviter les frais de retard;
- Cotisation automatique au REER ou au CELI.
Quand l’épargne devient un réflexe, elle ne dépend plus de la volonté. Elle devient une habitude.
Protéger son avenir : assurance et planification
Avoir une bonne santé financière, c’est aussi protéger ce qu’on bâtit.
Un imprévu (maladie, invalidité, décès) peut rapidement bouleverser la stabilité d’une famille. C’est pourquoi il est essentiel de :
- Vérifier ses protections d’assurance collective;
- Compléter au besoin par une assurance individuelle;
- Prévoir un fonds d’urgence de 3 à 6 mois de dépenses courantes.
Cela peut sembler difficile au début, mais même un fond d’urgence de 1 000 $ offre déjà une paix d’esprit considérable.
L'éducation financière :
la meilleure des assurances
Des ressources accessibles comme Protégez-Vous offrent des conseils pratiques et neutres pour mieux comprendre vos droits financiers, les produits d’assurance, le crédit ou la retraite.
Votre employeur peut aussi jouer un rôle clé dans votre santé financière. De plus en plus d’entreprises au Québec organisent des conférences ou des ateliers sur la gestion des finances personnelles, la planification de la retraite ou l’équilibre budgétaire. Ces activités, souvent offertes gratuitement durant les heures de travail, permettent d’acquérir des outils concrets pour mieux gérer son argent au quotidien.
Vous pouvez également consulter un planificateur financier (Pl. Fin.) — non pas seulement pour les “riches”, mais pour toute personne qui souhaite établir une stratégie claire et personnalisée.
Un planificateur financier peut vous aider à :
- déterminer vos priorités ;
- optimiser vos impôts ;
- planifier votre retraite ;
- structurer vos dettes.
Et bonne nouvelle : si votre entreprise offre un programme d’aide aux employés avec BRIO PAE, vous pourriez avoir accès gratuitement à un planificateur financier pour discuter de vos objectifs, de vos dettes ou de votre plan de retraite en toute confidentialité.
En conclusion
La santé financière ne signifie pas être millionnaire. Elle signifie vivre sans peur du lendemain, faire des choix éclairés et ressentir de la tranquillité d’esprit.
C’est avoir la liberté de dire : « Je sais où va mon argent, et il travaille pour moi. »
Changer sa relation avec l’argent, c’est aussi transformer sa vie.
Et cette transformation commence par une simple question :
« Est-ce que mes décisions financières me rapprochent ou m’éloignent de la vie que je veux vraiment ? »